
Une formatrice m'a posé la question, car confrontée à cette nouvelle problématique pas si évidente en formation pour adultes.
Quelques brèves idées qui ne sont pas une panacée.
Travail de repérage en amont du formateur/de la formatrice
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- Repérer le genre du livre : fiction/réalité, roman/pièce de théâtre/poésie/nouvelle/documentaire/essai
- Repérer l’apport discursif : parole brute, spontanée, travaillée, retravaillée, fictionnelle…
- Repérer les passages-clef de l’ouvrage
- Repérer les difficultés syntaxiques, sémantiques et culturelles dans un passage (rayer au besoin un morceau) en l’indiquant ainsi […]
- S’intéresser à la vie de l’auteur (biographie, encore vivant) > pourquoi pas lui (ou à son éditeur) écrire une lettre rédigée par le groupe autour d’une interrogation commune ou d’une thèse développée > un journaliste économique, un psychiatre, un romancier ?
- S’intéresser à l’œuvre de l’auteur (à quel moment de sa création est-ce que l’ouvrage choisi est placé : début, milieu, fin : maturité/jeunesse… ? )
- S’intéresser à la réception de l’auteur (auteur considéré, oublié, adulé, détesté, plagié) et de l’œuvre (traduite, jouée, épuisée, rééditée…)
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Le passage à choisir : pas évident !!
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- Ni trop court, ni trop long (penser à le lire à haute voix pour s’en rendre compte)
- Ni trop lyrique, ni trop philosophique
- Attention au niveau de langue // niveau de départ du public
- Essayer d’identifier les points grammaticaux qui ressortent (l’hypothétique, les connecteurs logiques, la comparaison…) les champs lexicaux, les idiomatismes, les lsc (léxèmes sans marques de catégories) du type contactif « ah bon ? »
- Pensez à l’incipit (le début de l’œuvre) ou le début d’un chapitre, à l’inverse la fin… ou bien à un moment-clef du livre
- Parfois un passage peut être riche pour une étude grammaticale mais pauvre au niveau dramatique (risque d’ennui du public)
- Pensez à recycler votre passage : vous l’utilisez comme pilier de votre séance pédagogique lors d’une session en mettant en relief un point grammatical (ex : les adverbes de temps), or un autre point grammatical (ex : le discours indirect) est récurrent dans le texte, donc lorsque vous abordez quelques semaines plus tard le discours indirect, pensez à reprendre le texte et à le faire relire aux apprenants en insistant sur le repérage en question ; la matière étant connue, les apprenants sont plus en confiance pour faire face à une nouvelle exigence de leur tuteur/trice !
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Les démarches possibles : suggestions d’exercices
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- Travail sur le titre ou les titres possibles : proposez 4 titres, lequel semble le mieux correspondre au passage et pourquoi ?
- Découpez un passage en 6/7 morceaux puis les placer dans le désordre : les apprenants doivent remettre le tout en ordre
- Découpez 2 passages différents mais assez proches puis les placer dans le désordre : les apprenants doivent remettre les 2 passages dans l’ordre
- L’analyse (à vos risques et périls…)
- Le commentaire (à vos risques et périls… attention au côté café-philo, un peu loufoque, parfois)
- Le débat (attention à ne pas avoir besoin de trop de mots techniques…)
- Imaginez la suite (du passage choisi) : bien pour un travail à la maison ou un test
- Interview de l’auteur : bien pour un jeu de rôle : un stagiaire joue le rôle du journaliste, l’autre celui de l’auteur (à vous de fixer les règles)
- Plus simple : demandez aux apprenants de réécrire un passage à une autre personne (je > il), à un autre temps (passé > présent) : bien pour un travail à la maison ou de consolidation en classe
- L’exposé-résumé : vous donnez 4 passages (1, 2, 3, 4) qui se suivent chronologiquement, à 4 stagiaires (A,B, C, D). Chacun a 5/10 minutes pour lire et résumer son passage en quelques notes, puis vient le temps de la mise en commun. [Vous pouvez le donner hors-classe, mais attention à ce que le stagiaire C ne vienne pas à manquer, sous peine de voir votre édifice pédagogique s’écrouler > sinon vous intervenez et résumez le passage 3 à sa place.]
- L’œuvre, suivant son volume, peut vous accompagner tout au long d’une session, nonobstant un travail ponctuel à partir de ressources didactiques ou authentiques, même via des médias virtuels > idéal pour un travail simple mais efficace de… lecture, je peux voir que dans beaucoup de cours, les formateurs font de moins en moins lire les apprenants, c’est important, à mon sens, cela est bon pour le capital-confiance du stagiaire
- Enfin, la construction collaborative d’une fiction ou d’un documentaire assez semblable peut-être un bon moyen de créer des ateliers, de fédérer votre groupe autour d’un projet
- …. A vous d’écrire les prochaines - ;)
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